Pour retrouver une telle situation politique, il faut remonter au début des années 1990. « C’était lorsque Lucien Bouchard, qui était ministre au cabinet Brian Mulroney, avait quitté le parti progressiste-conservateur pour fonder le Bloc québécois. Je pense que c’est l’un des seuls parallèles que l’on peut faire dans l’histoire contemporaine pour montrer l’ampleur de ce qui vient de se passer », dit Félix Mathieu.
Pour Raymond Hébert, professeur émérite en sciences politiques de l’Université de Saint-Boniface, « c’est la débandade ». « Justin Trudeau a complètement perdu le contrôle de la situation », ajoute-t-il.
À quoi peut-on s’attendre maintenant? Quelles sont les options sur la table? Déjà, au moment d’écrire ces lignes, l’on apprend que c’est Dominique LeBlanc, ministre de la Sécurité publique, qui remplacera Chrystia Freeland à la tête du ministère des Finances. Il a été assermenté cet après-midi.
Par ailleurs, Dominique LeBlanc conserve le ministère des Affaires intergouvernementales.
Dominique LeBlanc prend le poste de Chrystia Freeland
Après ça, une démission de Justin Trudeau est-elle possible? Pour Pierre Poilievre, chef de l’Opposition, « Justin Trudeau a perdu le contrôle et pourtant il s’accroche au pouvoir. » C’est sensiblement le même ton de la part de Jagmeet Singh, chef néo-démocrate du Canada, qui « appelle Justin Trudeau à démissionner. » « Les libéraux se battent entre eux, alors que les Canadiens ont besoin d’un premier ministre qui se battra pour eux », ajoute-t-il.
« Si un tel scénario arrivait, on devrait nommer un leader du Parti libéral qui serait premier ministre par intérim. Puis, première action à mettre en œuvre, selon moi, c’est de proroger le Parlement. On s’achèterait quelques mois avant de déclencher des élections et lorsqu’on rouvrirait la session parlementaire fin février début mars, ça s’accompagnerait d’un discours du Trône, le gouvernement tomberait et on irait vers des élections », détaille Félix Mathieu, qui pense que c’est un scénario « probable au temps présent ». Cela dépendrait bien sûr des prochaines annonces de Justin Trudeau.
De grands défis économiques
Le gouvernement fédéral avait notamment prévu de présenter l’énoncé économique de l’automne du gouvernement fédéral. Malgré la situation politique délicate, il a bien été présenté à la Chambre des communes. Un chiffre important à retenir : 61,9 milliards $. C’est le déficit prévu pour l’année 2023-2024, dépassant largement l’objectif de ne pas dépasser les 40 milliards $.
Enfin, en toile de fond de cette journée, et toujours sur un plan économique, il y a encore les menaces de Donald Trump d’augmenter les taxes douanières de 25 %. « Ça serait prudent que le gouvernement fédéral se prépare à l’éventualité de ces tarifs. Quant à Donald Trump, c’est son style depuis toujours, il se moque de tout le monde sauf de ses alliés jusqu’à qu’ils deviennent des ennemies », rappelle Raymond Hébert.