Par Marion THIBAUT.
Justin Trudeau, étant déjà affaibli par une popularité au plus bas, les attaques de l’opposition et les menaces de Donald Trump.
La vice-Première ministre, Chrystia Freeland, fidèle de la première heure de M. Trudeau, a expliqué la veille qu’elle partait en raison de divergences avec le Premier ministre sur la façon de gérer la guerre économique qui se profile avec le puissant allié américain.
Elle a eu des mots très forts, proches de ceux de l’opposition, pour dénoncer l’attitude dépensière de M. Trudeau au moment où le pays est confronté à un “grand défi”.
L’imposition de droits de douane de 25 % par les Etats-Unis, envisagée par le président élu Donald Trump, serait catastrophique pour le Canada, expliquent les experts.
Les Etats-Unis sont en effet le premier partenaire commercial du Canada et la destination de 75 % des exportations du pays. Près de 2 millions de personnes au Canada en dépendent, sur une population de 41 millions d’habitants.
“En tant que pays, nous devons projeter de la force et de l’unité, et c’est le chaos en ce moment à Ottawa”, a taclé Doug Ford, le Premier ministre de l’Ontario, évoquant la menace américaine.
“Ce n’est pas le meilleur moment pour avoir un vide”, a renchéri la Première ministre de l’Alberta, Danielle Smith. “Je regarde cela en me demandant qui sera le prochain chef… vont-ils être capables de présenter une équipe capable de défendre le Canada”, a-t-elle ajouté.
Et dans les propres rangs du parti libéral de Justin Trudeau, les voix dissidentes se font plus fortes et sont de plus en plus nombreuses.
“Disons-le ainsi: renvoyer la ministre des Finances qui vous a servi extrêmement bien n’est pas ce que j’appellerais un geste digne de confiance”, a déclaré la députée libérale Helena Jaczek, estimant que Justin Trudeau “devrait démissionner”.
Son collègue de l’Ontario Francis Drouin a également estimé qu’il fallait qu'”il parte” après neuf années au pouvoir. “Pour moi, c’est la goutte qui a fait déborder le vase, c’est inacceptable. Le message ne passe plus et il est temps de faire le ménage”, a-t-il ajouté au micro de Radio Canada.
– “Coup fatal” –
Pour la première fois, son ancien allié de gauche Jagmeet Singh a également demandé la démission de M. Trudeau au Parlement lundi.
“Au lieu de se concentrer sur les problèmes des Canadiens, Justin Trudeau et les libéraux se concentrent sur eux-mêmes. Ils se battent entre eux au lieu de se battre pour les Canadiens”, a déclaré celui qui a rompu son alliance avec le Premier ministre il y a quelques semaines.
Justin Trudeau, qui a annoncé son intention de se représenter dans les mois qui viennent, est crédité dans les sondages de plus de 20 points de retard sur son rival conservateur Pierre Poilievre.
L’opposition a déjà déposé, en vain, trois motions de censure contre le gouvernement, estimant celui-ci trop “faible” pour rester au pouvoir.
Les prochaines législatives doivent avoir lieu au plus tard le 20 octobre 2025, mais beaucoup d’analystes estiment que le gouvernement a peu de chances de tenir jusque-là, ce qui déclencherait des élections anticipées.
“Il a déjà pris de nombreux coups mais cette fois-ci, c’est vraiment difficile de ne pas y voir un coup fatal”, a estimé auprès de l’AFP Frédéric Boily, professeur à l’Université de l’Alberta.
Mais ce dernier serait “surpris qu’il démissionne avant Noël, parce que ça créerait encore plus de chaos”.
Lundi soir, se félicitant de la démission de Chrystia Freeland, Donald Trump a de nouveau qualifié Justin Trudeau de “gouverneur”, titre désignant aux Etats-Unis le chef de l’exécutif d’un Etat fédéré.
Une moquerie qu’il avait déjà employée pour parler du Premier ministre canadien et qui irrite de nombreux Canadiens.
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