Une exposition collaborative sur le thème du langage.
Les artistes multidisciplinaires Anie Toole et Caroline Ariane Bergeron, exposeront ensemble semble jusqu’au 15 mars à la Maison des artistes visuels (La Maison). C’est à l’initiative de La Maison que cette collaboration a vu le jour. En effet, les deux artistes avaient soumis au départ des dossiers individuellement, mais leurs univers se rejoignant sur bien des aspects, le partenariat semblait s’imposer de lui-même.
D’ailleurs, lorsque Caroline Ariane Bergeron découvre le travail d’Anie Toole, l’idée lui parait tout de suite « naturelle ».
Une rencontre
Même son de cloche pour Anie Toole qui perçoit dans le travail de son homologue « une sensibilité et une esthétique » qui lui parlent beaucoup.
« Nous avons décidé de saisir cette opportunité pour nous rencontrer et travailler ensemble réellement, approfondir nos pratiques ensemble pour voir ce que cela pourrait donner. »
Par contrainte de temps, les pièces qui seront exposées initialement sont des œuvres sélectionnées d’un côté comme de l’autre pour répondre au travail de leur partenaire, mais Caroline Ariane Bergeron indique que de nouvelles œuvres verront le jour au cours de l’exposition. « Nous les intégrerons et une partie de la galerie va évoluer au fil du temps. »
L’art et la langue
Toutes les deux travaillent la matière à travers la pratique de techniques lentes comme la céramique, le travail du textile, la vannerie, l’estampe ou encore la typographie. En plus des disciplines qu’elles ont en commun, elles s’intéressent également au même thème que l’exposition Formes, contreforme encapsule.
« Nos travaux s’interrogent sur la langue, le bilinguisme et la traduction », indique Anie Toole. Pour les deux femmes, leur art est une façon d’aller chercher leur propre langage.
Pour Anie Toole par exemple, il s’agit « d’aller chercher des façons d’extraire la langue et les mots pour aller chercher à quoi cela peut ressembler physiquement. Il y a une écriture du textile. Un textile plat, c’est comme si l’on rédigeait dans une seule langue. Il faut ensuite ajouter des couches et des motifs. Il n’existe pas autant de codes de rédaction avec le textile, on devient libre. Lorsque l’on écrit un texte ou dans des situations quotidiennes, il faut choisir sa langue. L’art est plus ouvert. »
La recherche d’un langage
En tant que Franco-Ontarienne, Anie Toole a grandi entre deux langues. Caroline Ariane Bergeron elle est francophone, mais a étudié et partage sa vie avec un anglophone.
« Je travaille beaucoup avec la dactylographie, c’est comme ça que j’intègre la langue et le langage à mon travail. Je travaille avec du papier japonais très fin, qui peut avoir l’air de textile et je crée des motifs dessus à l’aide d’une lettre que je tape à la machine à écrire. »
Pour elle, la recherche d’un langage qui lui est propre ne vient pas nécessairement du bilinguisme.
« J’ai toujours eu de la difficulté à m’exprimer, à l’écrit c’est plus facile, mais j’ai toujours eu le sentiment que c’était difficile de rendre mes pensées avec des mots. J’imagine que beaucoup d’artistes se sentent comme ça aussi, mais pour moi c’est une façon d’utiliser un langage qui m’appartient et que les gens peuvent interpréter différemment selon leurs propres expériences. C’est un langage qui est moins figé, visuel et qui emprunte aux codes de l’écriture. »