Lors de sa réunion ordinaire du mois de février, la Commission scolaire franco-manitobaine (CSFM) a reçu une délégation de l’Association des éducatrices et éducateurs franco-manitobain (AÉFM).
Le comité d’équité et justice sociale de l’AÉFM présentait un besoin « urgent » de réviser et mettre à jour la directive administrative PROGSAE-26 qui concerne le « respect de la diversité humaine ».
Désirée Pappel, présidente de l’association, précise : « En tant que comité, nous souhaitons voir des mises à jour aux lignes directrices que nous avons par rapport à la diversité et plus particulièrement la diversité des genres. »
Besoin « urgent »
Sous la section « Rôles et responsabilités des enseignants et membres du personnel », la directive actuelle indique ceci :
« Les membres du personnel donnent l’exemple en ce qui a trait à l’inclusion et au respect de la diversité humaine. Ils doivent jouer un rôle important dans la communication des attentes relatives aux directives administratives sur le respect de la diversité humaine aux élèves et sur l’implantation de celles-ci.
Ce rôle comprend :
I. Appuyer les élèves dans leur questionnement sur la diversité humaine et enseigner le respect et la tolérance
II. Participer aux activités de perfectionnement professionnel et de formation afin d’acquérir les connaissances et les outils pour gérer de manière appropriée et efficace les questions délicates concernant la diversité humaine. »
Désirée Pappel regrette toutefois un manque de clarté quant à la marche à suivre dans certaines situations. Elle mentionne notamment la question des changements de pronoms pour les élèves qui redéfinissent leur identité de genre, l’organisation des nuitées « pour savoir qui va dormir où », ainsi que l’utilisation des toilettes.
L’AÉFM prend à titre d’exemple, les politiques de la Division scolaire rivière Seine dont les procédures administratives concernant les sujets mentionnés plus tôt offrent plus de détails sur la démarche à suivre par les enseignants.
Du côté de la direction générale de la Division scolaire franco-manitobaine, Alain Laberge qualifie de pertinente l’intervention de l’AÉFM ce mercredi 26 février.
Il indique par ailleurs que les directives sont terminées et en cours de révision.
« C’est un travail méticuleux et de longue haleine, dit-il. Lorsqu’une DA est créé, elle doit être vérifiée sous la lentille légale. Elles sont donc envoyées à nos avocats pour être sûr que nos employés et nos élèves soient protégés. »
Des révisions en fonction du contexte social
Parmi les sujets abordés dans les directives administratives concernant la diversité et l’inclusion, Alain Laberge fait état, entre autres, de la question des chiens d’assistance, l’utilisation des pronoms ou encore des changements de prénoms.
Si le directeur général de la DSFM fait valoir que certaines directives administratives restent figées « parce qu’elles sont basées sur des lois », ce n’est pas le cas de toutes, et que certaines sont révisées en fonction du contexte social.
« Beaucoup de choses ont changé ces 10 dernières années et on doit rester vigilant. Pour nous ça se traduit par la révision de nos DA. »
Un autre point soulevé par Désirée Pappel et qui fait partie des sujets de préoccupation concerne également l’utilisation de ressources pédagogiques, notamment celles qui représentent la diversité de genre et d’orientation sexuelle.
« Maintenant, nous dit la présidente, il y a des parents qui contestent l’utilisation de ces ressources-là. Alors, à leur tour, les enseignants se questionnent : est-ce que je vais avoir le soutien de mon employeur. »
L’importance de l’autonomie professionnelle
À cela, Alain Laberge se dit réticent à l’idée d’exiger l’utilisation de ressources pédagogiques. Il souligne l’importance de l’autonomie professionnelle.
« Rendre obligatoire une ressource en particulier, c’est un peu briser la créativité. J’ai déjà pris position publiquement pour dire que l’on ne bannirait pas de livres. Selon moi, c’est un message assez fort pour dire à notre personnel qu’il est libre d’utiliser son jugement professionnel.
« Bien entendu, on ne veut pas faire de prosélytisme, mais cela est déjà inscrit dans nos codes d’éthique. »
Alors à la question de savoir comment faire le bon choix lorsque l’on est enseignant, le directeur général dit cela : « il y a des conseillers pédagogiques, des collègues, les directions d’école ou encore ceux que l’on appelle des enseignants leaders pédagogiques et ça fait partie de leur travail de dire oui ou non. On travaille aussi avec des gens du Bureau de l’éducation française (BEF). Dans le doute, ne faites rien et posez-nous la question. »