Et la demande de programmes d’immersion est également en hausse. Le gouvernement fédéral, qui annonçait 1,4 milliard $ dans le cadre de son plan d’action de 2023, détaille aujourd’hui ses investissements.

« Actuellement, nous parlons énormément des valeurs canadiennes et des menaces par rapport à notre indépendance, alors il est important d’investir dans nos deux langues officielles », affirme Rachel Bendayan, ministre des Langues officielles et ministre associée de la Sécurité publique du Canada, lors d’une entrevue accordée à La Liberté.

Le 17 février dernier, la ministre a annoncé ratifier, pour la période de 2024 à 2028, un nouveau protocole d’entente relatif à l’enseignement dans la langue de la minorité et à l’enseignement de la langue seconde. Ainsi, avec plus de 1,4 milliard de dollars d’investissement, le gouvernement fédéral précise aujourd’hui, dans le cadre de la collaboration avec les provinces et territoires, les enveloppes destinées à l’enseignement de la langue de la minorité, de la langue seconde, de l’éducation postsecondaire et du recrutement et de la rétention des enseignants.

Des consultations provinciales et territoriales

« L’éducation est de responsabilité provinciale mais le fédéral reconnaît son obligation de participer à l’épanouissement de l’éducation en milieu minoritaire », souligne Bernard Lesage, président de la Commission scolaire franco-manitobaine (CSFM).

Rachel Bendayan, ministre des Langues officielles et ministre associée de la Sécurité publique du Canada.
Bernard Lesage, président de la Commission scolaire franco-manitobaine (CSFM). (photo : Archives La Liberté)

Dans le cadre de cette entente, des consultations ont été organisées avec les différents acteurs de l’enseignement, et ce, à tous les niveaux. « Nous avons beaucoup d’intérêt de la part des provinces et territoires. J’ai eu, pour ma part, une première rencontre avec mes homologues provinciaux et nous avançons rapidement avec la signature des ententes bilatérales », assure la ministre des Langues officielles.

Bernard Lesage affirme avoir également participé à des consultations, il y a plusieurs mois. « Nous avons pu discuter notamment avec la Province. Il était question de rencontrer les représentants de l’éducation maternelle, du scolaire, de l’université, ou encore des écoles d’immersion ». Le président de la CSFM rappelle l’importance de ces consultations qui permettent de « savoir si l’argent versé par le fédéral pour les provinces est bel et bien réparti en fonction des axes identifiés », et permet dans le même temps de « bien comprendre les défis et priorités de chaque intervenant ».

« La pénurie d’enseignants demeure une réalité partout à travers le pays donc appuyer l’accès à l’enseignement des langues officielles est très important », Rachel Bendayan.

1,4 milliard $ d’investissement

Sur le 1,4 milliard $ d’investissement annoncé pour une période de quatre ans, le protocole prévoit d’allouer la somme de plus de 707 millions $ à l’enseignement de la langue de la minorité. De cette somme, le Manitoba bénéficiera d’une contribution additionnelle de plus de 3 millions $, en plus de son fonds de base de 26,8 millions sur quatre ans. Pour les niveaux post-secondaires, l’investissement est de 104 000 000 $ dédiés à l’enseignement dans la langue de la minorité, dont 4 032 125 $ pour la province manitobaine.

En ce qui concerne la langue seconde, c’est un budget de plus de 578 millions $ qui est prévu.

Le Manitoba recevra environ 22,1 millions $ sur quatre ans avec une contribution additionnelle de presque 14 millions $.

Les décisions éducatives appartiennent aux gouvernements provinciaux et territoriaux, la ministre des Langues officielles tient ainsi à rappeler l’importance de « leur laisser les choix pour désigner à qui bénéficiera l’argent pour l’éducation en langue minoritaire » et précise que le gouvernement fédéral « a fait sa part pour identifier plusieurs cibles ». Par ailleurs, elle tient à souligner que dans le cadre du plan d’action, « il y a des obligations de reddition de compte pour les provinces et territoires ».

Pour le moment « nous sommes toujours en attente de recevoir le montant », affirme Alain Laberge, directeur général de la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM). Une fois que le Bureau de l’éducation française aura reçu le montant complet pour le Manitoba, le directeur de la DSFM explique qu’il « sera redistribué pour les programmes de Français langue première et Français langue seconde ».

Pénurie de personnel : entre recrutement et rétention

« La pénurie d’enseignants demeure une réalité partout à travers le pays donc appuyer l’accès à l’enseignement des langues officielles est très important », déclare la ministre Rachel Bendayan avant de préciser que c’est en « appuyant la disponibilité des enseignants qu’il est possible de faire croître l’enseignement du français partout au Canada », notamment dans les provinces à majorité anglophone.

Dans le cadre de cette entente, le gouvernement fédéral prévoit ainsi un investissement dans le recrutement et la rétention d’enseignants de langue française. Presque 51 millions $ au total pour « les écoles de langue française en situation minoritaire et de français langue seconde ».

Dans ce budget consacré au recrutement et à la rétention, le gouvernement fédéral prévoit un investissement au Manitoba de 708 480 $ pour la langue de la minorité et 1 525 478 $ pour la langue seconde.

Bernard Lesage tient à rappeler que les « provinces et territoires sont tenus de s’assurer du recrutement et de la rétention du personnel » et que dans le cadre de ce budget, tout va dépendre de la « manière dont chacun va développer ses pistes d’action ». Par ailleurs, bien que le président de la CSFM soit enthousiaste de l’investissement d’1,4 milliard $, il tient à rappeler que ce budget est moins bien impressionnant « lorsqu’il est divisé par provinces, et ce, sur quatre ans ».