Ça a été l’un des sujets marquants pour les organismes francophones à travers le pays. Lors de l’annonce du gouvernement du nouveau premier ministre Mark Carney, l’intitulé Langues officielles avait disparu des portefeuilles des ministres.
Quelques heures plus tard, l’on comprenait que ce dossier serait à l’intérieur du ministère géré par Steven Guilbeault, intitulé ministère de la Culture et de l’Identité canadiennes.
Interrogée ce lundi par La Liberté, Liane Roy, présidente de la FCFA, est revenue sur cette annonce. « Les convictions francophones de Steven Guilbeault, on les connaît, ce n’est pas l’enjeu. Mais ça a pris une réaction plus tard pour qu’on nous explique qu’il allait s’occuper des Langues officielles également.
« La chose dans tout ça, c’est le précédent que ça cause. Car une fois qu’un autre gouvernement remplacera ce cabinet-là et que l’on ne parle pas des Langues officielles, que ce n’est pas clairement identifié dès le départ, là, ça peut nous prendre plusieurs années après ça pour justifier pourquoi l’on a besoin d’un ministère ou d’une personne qui a le portefeuille des Langues officielles. »
C’est une première depuis 2015 qu’aucun ministre ne porte l’intitulé Langues officielles dans son titre.
Liane Roy explique que, dans leur lettre de félicitations, la FCFA a demandé une rencontre avec le ministre Guilbeault. « Et normalement les ministres nous appellent », ajoute-t-elle. « Quand Mme Bendayan a été nommée, elle nous a appelés. Ça a été pareil pour Mr Boissoneault ou Mme Petitpas Taylor. Mais il faut tout de même dire que nous ne sommes pas dans des temps ordinaires. »
Raymond Hébert, politologue et professeur émérite, évoque lui « une gaffe », « une erreur » pour définir cette omission de l’intitulé Langues officielles. « La fonction va rester, j’imagine qu’il ne s’agit pas de coupure de dossier. Je suis certain que ce n’est pas l’intention. Mais c’est quand même une gaffe, ça démontre peut-être que les ministères ont été constitués à la hâte. »
L’expert pense que ça devrait « au moins » reconnu comme un dossier important d’un ministre. Raymond Hébert rappelle tout de même que ce cabinet arrive dans un contexte spécial. « Ce gouvernement devrait durer plus ou moins deux mois. Après ça, on aura une élection. Et l’on pourrait s’attendre, si les libéraux l’emportent, à un cabinet plus important et plus représentatif. »
Liane Roy demeure tout de même nuancée et attend de voir les premières décisions de ce gouvernement en matière de langues officielles. La présidente a notamment souligné le premier voyage de Mark Carney en tant que premier ministre qui a été dans un pays francophone : la France. « Ça jouera dans sa vision et ça diminue un peu l’étonnement de la semaine dernière », lance-t-elle. « Il y a aussi des gestes rassurants avec des ministres francophones. Je note aussi la venue de Mme Arielle Kayabaga (1), une Franco-ontarienne. Il y a aussi des alliés dans ce cabinet qu’on a connu dans le passé et qu’on est content de retrouver. »
(1) Arielle Kayabaga est leader du gouvernement à la Chambre des communes et ministre des Institutions démocratiques.