Mais cette course à l’industrie verte se fait-elle vraiment sans impact?
Les enjeux environnementaux occupent aujourd’hui une place importante dans les sphères gouvernementales et publiques. Les enjeux sont réels, et tous les acteurs semblent l’avoir compris.
Au-delà de la démocratisation des productions d’énergies vertes et de l’électrification des transports, les modes de consommations changent eux aussi. La tendance vise à prioriser des produits plus éthiques, plus respectueux de l’environnement alors sans surprise, les industries cherchent à s’adapter.
Mais à quel coût?
Au début de l’année 2025, les médias rapportaient une situation particulière dans l’état du Texas. Alors frappé de sècheresse, l’on rapportait qu’Elon Musk s’apprêtait à terminer la construction d’une raffinerie de lithium qui pourrait nécessiter la consommation de huit millions de gallons d’eau par jour. Ce qui représente un peu plus de 30 283 mètres cubes d’eau.
Cette utilisation massive d’eau fraîche inquiète et interroge. Finalement, ne serions-nous pas simplement en train de remplacer un problème par un autre?
Derek Earl est le fondateur et président du conseil d’administration de BizforClimate, une initiative qui soutient les entreprises dans leur recherche de solutions climatiques.
S’il confirme que la transition vers des modes de consommation et de production plus vertes a effectivement un impact, il précise tout de même que c’est le cas de « toutes les industries à grande échelle ».
Pour ce défenseur du climat, c’est un point important à rappeler, car lorsqu’il s’agit de poser la question des coûts environnementaux des technologies renouvelables ou vertes, Derek Earl souligne qu’il ne faut pas oublier ceux des industries « traditionnelles ».
« L’utilisation de l’eau est un enjeu universel pour les industries. C’est un enjeu de plus en plus important au même titre que la perte ou la dégradation de la biodiversité. L’utilisation en grande quantité d’eau est quelque chose que l’on retrouve dans le secteur de l’agroalimentaire, dans l’industrie de la mode et bien sûr l’industrie pétrolière. »
Dans le cadre de l’exploitation pétrolière classique, on estime qu’il faut entre un et trois barils d’eau pour un baril de pétrole produit.
Dans le Dakota du Nord, par exemple, on produit 1,1 million de barils par jour selon les données les plus récentes.
« Il faut faire attention, je pense, à ne pas cibler les industries qui œuvrent à créer de l’énergie propre en pointant du doigt ce qu’elles font de dommageable. Lorsqu’on les compare aux industries traditionnelles, ça met un peu plus les choses en perspective. »
L’impact négatif est donc bien présent, d’un côté comme de l’autre. Toutefois, le fondateur de BizforClimate reste optimiste.
« Il est possible de trouver un équilibre entre ce que l’on consomme (en tant qu’industrie) et ce que l’on crée pour réduire l’impact environnemental. C’est un grand défi et ça demande que tous les secteurs adoptent une optique de développement durable. »
Derek Earl fait valoir que des régulations et des normes législatives visant à réduire les impacts des industries existent un peu partout dans le monde.
« C’est une indication qu’il y a une prise de conscience. Certaines comprennent même l’utilisation de l’eau. »
Tout cela évidemment s’accompagne d’un certain nombre de défis pour les entreprises, notamment des défis de coûts et d’innovation. Des défis qui affectent davantage les petites et moyennes entreprises (PME).
« Il y a une volonté de la part des PME, mais on ne peut pas demander aux petits de faire quelque chose si les grands ne le font pas. Les grandes entreprises doivent montrer l’exemple, elles servent souvent d’inspiration. Elles ont beaucoup plus de moyens et de ressources pour faire ces changements. »
De plus, les grandes entreprises ont un impact bien plus important sur l’environnement que les PME.
Toutefois, l’implication des petites et moyennes entreprises reste importante. Ne serait-ce que pour pouvoir entamer des discussions.
Aujourd’hui, 212 entreprises manitobaines ont signé l’entente de Climate Action Pledge de BizforClimate.
« Ça nous donne un certain poids pour pouvoir entamer le dialogue avec les différents niveaux de gouvernement. Pour encourager la prise de décisions et des investissements. »
Cela dit, Derek Earl indique que le Manitoba est assez bon élève en matière d’économie verte.
« Le profil de nos émissions est assez bas, alors on essaie de promouvoir cela. Venez faire vos affaires ici, on a déjà de l’énergie verte à vous offrir. »