Un engagement qu’il ne faut pas prendre à la légère, pour une mission qui nécessite un plus grand nombre de volontaires.

L’on fait appel à eux lorsque quelqu’un doit être retrouvé.

Vêtus de chandails jaunes fluo, et d’un insigne de la même couleur, les bénévoles de l’association Winnipeg Search and Rescue (WINSAR), ont un objectif qui paraît simple de prime abord : retrouver les personnes disparues, avant qu’il ne leur arrive malheur.

L’association à but non lucratif a vu le jour au début des années 2000 sous l’impulsion de Randy Antonio. Ancien sergent de police à Winnipeg et soldat du feu à St. Andrews, où il a participé à ses premières opérations de recherche et de sauvetage.

Contexte et origine

« J’ai réalisé que nous n’avions pas vraiment de personnel formé à la recherche à Winnipeg. Les officiers de police ne sont pas des chercheurs, ils ne sont pas formés à ça. J’ai donc apporté mon expertise en ville, recruté une poignée de personnes qui avaient une expérience militaire et des notions de survie et c’est comme ça que ça a démarré. »

Randy Antonio forme alors la Ground Search Team (GST).

Le groupe mis en place offre ses services à la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Avec le temps, les portes du groupe se sont ouvertes « aux civils » et a fini par devenir ce qu’elle est aujourd’hui.

Les 33 bénévoles qui composent aujourd’hui la WINSAR viennent d’horizons professionnels très différents. Des banquiers, des fermiers, des mécaniciens ou encore des infirmières etc.

Cela ne signifie pas pour autant que tout le monde peut devenir bénévole au sein de la WINSAR. Il n’est pas question ici d’un manque d’inclusivité. C’est plutôt que le travail attendu peut être éreintant, tant sur le plan physique que sur le plan émotionnel.

Un travail éreintant

« Parmi nos directives générales de recrutement, figure la nécessité pour nos membres d’être suffisamment en forme to push bush. Nous participons à des recherches sur les sentiers et en porte-à-porte, mais il nous est aussi demandé de faire des fouilles dans la nature. Dans la boue, dans les zones humides et parfois de nuit. » Le tout en portant un uniforme complet qui comprend un paquetage d’urgence contenant des équipements de survie relativement lourds.

D’ailleurs, tous les membres doivent suivre un cours de recherche et de sauvetage ainsi qu’un certain nombre de formations, notamment en premiers soins.

« Nous organisons également des séances de formation chaque mois pendant lesquelles nous nous concentrons sur des compétences essentielles. Par exemple la navigation avec une carte ou une boussole, la survie, les techniques de recherche, l’utilisation et l’entretien de notre équipement. »

Un aspect psychologique aussi

De plus, le travail comporte aussi une dimension psychologique qui peut être assez difficile à encaisser.
« Dans la plupart des cas, nous partons à la recherche d’une personne qui est déjà morte. L’issue est souvent déterminée avant même que l’on nous appelle. Il faut mentalement être préparé au pire. »

Toutefois, même dans les moments sombres, il faut tâcher de trouver un peu de lumière. « Nous sommes au moins capables d’aider les familles à commencer leur deuil. »

Bien sûr le travail donne parfois lieu à des fins heureuses. Sans pouvoir entrer dans les détails, Randy Antonio raconte la satisfaction personnelle ressentie « lorsqu’on les voit réunis avec leurs proches ».
Les membres doivent être âgés de 18 ans ou plus et avoir un casier judiciaire vierge. De plus, il faut être en mesure de se rendre disponible.

« J’insiste sur l’importance d’un équilibre entre vie professionnelle et vie privée » , commente Randy Antonio, qui invite les potentiels intéressés à s’interroger sur le temps qu’ils peuvent consacrer à l’association.

« Nous sommes un service d’urgence bénévole. Nous pouvons être sollicités 24 heures sur 24 et 365 jours par an. »

WINSAR est une association qui n’intervient que sur la demande des agences de police officielles et parfois Parcs Canada. Et les missions peuvent amener les bénévoles à voyager dans la province, parfois pendant plu- sieurs jours. Après des décennies de bénévolat à raison de centaines d’heures par an, Randy Antonio mentionne des voyages à Thompson, Le Pas ou encore Flin Flon.

« C’est difficile, peu de bénévoles sont en mesure de donner autant de leur temps. Je suis extrêmement reconnaissant et fier de mon équipe. »

Le nécessité du recrutement

C’est en partie pour cela que WINSAR cherche à augmenter le nombre de ses recrues.
« L’idéal serait d’avoir plus de 50 membres afin d’être toujours en mesure de déployer des bénévoles lorsque l’on est appelé. »

Un besoin de plus en plus important, car la WINSAR fait partie du programme national de main-d’œuvre humanitaire.

Un programme débuté en 2021 et qui vise la constitution d’une main-d’œuvre civile capable d’être déployée rapidement dans le pays pour répondre à certaines crises ou cas d’urgence.

« Dans l’éventualité d’un incident majeur, le programme va chercher des bénévoles dans notre province. Ça peut être pour acheminer de l’eau ou de la nourriture, déblayer de la neige, tout dépend de la situation et de ce dont ils ont besoin. Le besoin en bénévoles est d’autant plus important aujourd’hui. »

Le recrutement est désormais ouvert pour l’année 2025 et les personnes intéressées peuvent contacter directement l’association à l’adresse suivante : [email protected].

En plus des missions de recherche et de sauvetage, WINSAR œuvre également dans le cadre du programme national AdventureSmart.ca. Ils offrent par exemple des ateliers de formations aux écoles, scouts ou tout autre groupe communautaire désireux d’apprendre les bases de la sécurité dans les activités de plein air.

Le modèle financier

La Winnipeg Search and rescue perçoit une partie de ses fonds par les services de police de Winnipeg (WPS). Pour le reste, Randy Antonio, son fondateur a souhaité trouver une solution alternative.

« Je ne voulais pas que l’on rentre en compétition avec d’autres organismes à but non lucratif. Alors on offre nos services à des organismes en échange de dons. »

« Il s’agit notamment de services de sécurité et de premiers secours. Nos dépenses ne sont pas énormes », indique Randy Antonio. « On ne paye pas de loyer, nous payons nos assurances, des pièces d’équipement ci et là. »