Par Michel LAGACÉ.
Dans un discours présenté comme un des plus importants dans l’histoire de son pays, il a intensifié sa guerre commerciale contre le monde entier, à l’exception de la Russie.
Donald Trump a dénoncé les pays qui, selon lui, font payer aux États-Unis d’énormes sommes d’argent en imposant des droits de douane sur leurs achats de produits américains. C’est un exemple flagrant de l’ignorance de Donald Trump, car ce ne sont pas les pays importateurs qui doivent payer ces droits de douane mais les citoyens de ces pays qui les paient à leur gouvernement lorsqu’ils achètent un produit importé.
Et réciproquement, lorsque Donald Trump impose des droits de douane sur les biens et services que les Américains importent, il impose une taxe additionnelle sur ses propres concitoyens qui doivent la payer au gouvernement américain. Les pays exportateurs ne paient rien, même si le locataire de la Maison Blanche s’imagine que son gouvernement s’enrichit aux frais des pays exportateurs.
Il est difficile de croire que le Président du pays le plus puissant du monde comprenne si mal comment fonctionnent les droits de douane. De plus, Donald Trump s’imagine que, lorsque son pays achète plus qu’il ne vend à un autre pays, les États-Unis subventionnent cet autre pays. Ainsi, le déficit commercial des États-Unis avec le Canada constitue à ses yeux une subvention américaine en faveur du Canada.
Compte tenu de l’incompétence dont fait preuve le Président américain, il est difficile de ne pas appuyer la remarque de l’ancien Premier ministre belge et actuel député européen, Elio Di Rupo, qui vient de publier une lettre ouverte contre le président américain. « Cher Donald, vous êtes un ignorant dangereux ».
Parce que les droits de douane augmentent le prix que doivent payer les acheteurs de biens importés, ils causent inévitablement de l’inflation dans tout pays qui les impose. Et parce qu’ils augmentent les prix que les consommateurs doivent payer, ils découragent le commerce entre pays. C’est ce qui préoccupe le gouvernement canadien et tous les pays qui exportent aux États-Unis.
D’ailleurs, c’est à son corps défendant que le Premier ministre Mark Carney a décidé d’imposer des droits de douane sur les voitures américaines pour riposter à la décision de Donald Trump d’en faire autant sur les voitures fabriquées au Canada.
Les tarifs additionnels annoncés par Donald Trump sont généralement très élevés, allant jusqu’à 46 % pour le Vietnam, 34 % pour la Chine et 20 % pour l’Union européenne. Le Président a prétendu qu’il s’agissait de « tarifs réciproques », mais plusieurs pays ont immédiatement riposté que leurs taux de droits de douane étaient beaucoup plus bas que ce qu’il prétendait.
La formule utilisée était la suivante : le gouvernement américain a simplement pris son déficit commercial avec chaque pays et l’a divisé par les exportations de ce pays vers les États-Unis. Il a ensuite divisé ce montant en deux avant d’imposer un tarif à ce taux.
Inévitablement, l’annonce du locataire de la Maison Blanche a entraîné des menaces de représailles qui ne tarderont pas. La Présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a déclaré qu’elle dévoilerait « un programme complet » en réponse aux tarifs douaniers américains, tout comme la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Et d’autres suivront.
La politique annoncée par Donald Trump vient sérieusement secouer l’ordre international fondé sur le libre-échange et établi depuis la Seconde Guerre mondiale lorsque les États-Unis ont largement façonné les règles politiques et économiques qui ont gouverné les relations entre pays occidentaux.
Heureusement que le Canada n’est pas seul à devoir se frayer un nouveau chemin dans les nouveaux rapports de force où il devra trouver de nouveaux marchés et de nouveaux alliés pour faire face à un avenir qui est devenu incertain.