Robert Kreis, candidat PLC et Kevin Larson, candidat PPC, évoquent leurs différentes visions politiques, dans un contexte économique incertain.
Si Kevin Larson et Robert Kreis ont un point commun en se présentant tous les deux pour la première fois à des élections fédérales, ils sont loin d’avoir les mêmes valeurs et projets pour cette circonscription située au Sud-Ouest de Winnipeg.
Depuis sa création en 1996, Portage-Lisgar est représentée par le Parti conservateur. Lors des dernières élections fédérales de 2021, les conservateurs avaient récolté 52,2 % des votes, les libéraux 11 % et le Nouveau Parti démocratique 13,4 %.
Quant au Parti populaire du Canada (PPC), si lors des précédentes élections le parti n’avait pas remporté de sièges au Manitoba face aux conservateurs, il avait malgré tout réussi une percée assez marquante avec 21,6 % des voix à l’échelle de la province.
La circonscription, qui comptait 68 991 électeurs il y a quatre ans, fait aujourd’hui face à de nombreux défis économiques. Alain Comte, président de la corporation de développement économique de Lourdéon, et Roxanne Chanel, agente de développement économique, évoquent plusieurs difficultés. « Les grandes priorités sont celles liées au coût de la vie, à l’immigration économique, au logement, au marché du travail et à l’accès à la santé », résume Roxanne Chanel.
Kevin Larson, candidat PPC
Kevin Larson vit à Somerset. Avant de rejoindre les rangs du Parti populaire du Canada (PPC), le superviseur d’atelier automobile était impliqué pour le Parti conservateur du Canada. Mais, c’est en 2019 qu’il décide de changer de camp. « Le Parti conservateur n’était plus aligné avec mes valeurs, certaines décisions s’apparentaient à des idées venant des libéraux », se souvient-t-il.
Pour le candidat du Parti populaire, les grands enjeux sont d’abord ceux liés à l’immigration. « L’immigration mène à la criminalité, les enfants ne peuvent plus jouer dehors en toute sécurité », souligne-t-il. Il évoque également le coût de la vie et l’instabilité économique pour les entreprises. « Tout cela crée beaucoup de stress, autant pour la population que pour les petites entreprises de cette circonscription ».
« L’autre enjeu important pour notre parti est la question de l’avortement, beaucoup d’habitants de Portage-Lisgar sont mécontents des politiques fédérales à ce sujet », soulève-t-il. Pour le candidat, seul le Parti populaire du Canada a le courage d’évoquer ce débat idéologique à la Chambre des communes. « Aucun autre parti n’a de plan sur la question de l’avortement, pas même les conservateurs. Notre parti aimerait le restreindre au maximum pour contrer les idées progressistes et européennes ».
La question de l’immigration
Pour répondre aux enjeux qu’il évoque, Kevin Larson a plusieurs idées. « Il faut d’abord stopper l’immigration », assure-t-il. « Les immigrés illégaux doivent être déportés et les processus d’accueil d’immigration devraient être plus strictes. » Pour le candidat, il s’agit de faire des choix en matière d’accueil migratoire. « Il faut d’abord regarder leurs compétences, surtout pour les métiers en tension au Canada, comme les médecins ou infirmiers ».
Pour lui, les immigrés parvenant à obtenir un visa « peuvent amener leur culture au Canada mais doivent avant tout respecter la culture canadienne et ses valeurs ».
Pour le candidat, la force de sa candidature réside dans son indépendance idéologique. « Si un résident vient me parler d’une problématique, je n’irai pas convaincre le parti majoritaire que cette problématique existe, j’irai directement porter la voix des électeurs à la Chambre des communes sans tabou », assure-t-il.
Robert Kreis, candidat PLC
À la retraite depuis 2021, Robert Kreis a été à la tête de trois entreprises tout au long de sa carrière. Il a également été président de la Chambre de commerce de Winnipeg, coprésident de Leadership Winnipeg et président de Forward House Ministries, un service de soutien communautaire.
Si l’ancien chef d’entreprise a décidé pour la première fois de se présenter à des élections, c’est avant tout lié au contexte politique et géopolitique actuel. « Quand les États-Unis ont décidé d’attaquer le Canada économiquement, je me suis immédiatement senti concerné, notamment au sujet du bien-être de mes enfants et de mes petits-enfants », explique-t-il. « Je me devais de me lever pour être la voix du plus grand nombre de citoyens de Portage-Lisgar à Ottawa ».
Pour Robert Kreis, les grands enjeux de ces élections fédérales tournent donc surtout autour de l’urgence liée à la guerre tarifaire. « Il faut avant tout s’occuper des tarifs et protéger notre souveraineté », assure-t-il. Pour le candidat libéral, les tarifs vont avoir un impact immédiat sur les travailleurs de tous les secteurs.
Impact des tarifs douaniers
« Ça va toucher toutes les industries, mais aussi et surtout les agriculteurs de la Province, et donc, de cette circonscription », souligne-t-il. « Dans l’immédiat, il nous faut un gouvernement capable de faire face à Donald Trump ». Pour répondre à cette menace, Robert Kreis tient à rappeler que son chef de parti, Mark Carney compte protéger l’économie du pays. « Il a déjà annoncé ses plans pour assurer un soutien à la population et aux secteurs touchés par les tarifs, notamment en reversant les bénéfices générés aux entreprises canadiennes ».
Par ailleurs, si Portage-Lisgar est traditionnellement conservatrice, le candidat espère bien changer la couleur. « Je veux faire savoir aux électeurs qu’une voix crédible peut porter la leur à Ottawa. Ils ont eu un gouvernement conservateur pendant très longtemps, j’espère leur montrer qu’il est possible de faire confiance aux libéraux », affirme-t-il.
Économie et commerce
Pour le candidat libéral, il est important de rappeler que certains sujets tels que l’immigration sont aussi pris au sérieux par le parti de Mark Carney. « L’immigration affecte cette circonscription, et c’est un sujet très évoqué par les conservateurs, mais je veux essayer de leur montrer qu’on peut changer la manière dont on gère l’immigration, notamment en revoyant les besoins en termes de recrutement par exemple ».
Enfin, il tient aussi à rappeler que ses expériences passées pourraient être un atout majeur pendant son mandat. « Je connais l’économie et le commerce, et je sais tout aussi bien négocier avec des interlocuteurs qui ont des points de vue différents », souligne-t-il. « Je peux être la voix des résidents de Portage-Lisgar pour évoquer leurs préoccupations à Ottawa ».
Contactés par La Liberté, le député conservateur Branden Leslie, candidat à sa réélection, et Lisa Tessier, la candidate du Nouveau Parti démocratique, n’ont pas répondu à nos demandes d’entrevue.
Cette couverture électorale a été rendue possible grâce au Fonds « Couvrir le Canada : Élections 2025 »
