Il a décidé depuis plusieurs mois de prendre sa retraite et ne pas briguer un autre mandat. Cela peut-il laisser plus de chances aux autres partis? Rien n’est moins sûr selon les experts et les sondages.

Et sur le terrain, les candidats en lice sentent-ils que cette circonscription est peut-être un peu plus scrutée que lors des élections précédentes? « Absolument! » lance la candidate libérale Ginette Lavack.

« Ce que les gens nous disent, c’est que c’est une élection très importante. Les gens se mobilisent. D’ailleurs, la vaste majorité des bénévoles que l’on recrute ne se sont jamais impliqués en politique. On a aussi une grosse demande pour des pancartes, les gens sentent que l’on est à un moment critique dans l’histoire de notre pays. »

Comme Ginette Lavack et les bénévoles dont elle parle, Gilles Pelletier, face à la situation du pays, a aussi eu envie de s’investir pour tenter de faire une différence. Le candidat du Parti populaire du Canada (PPC) voit en Saint-Boniface—Saint-Vital une circonscription en évolution.

« À la suite du départ de Daniel Vandal, il est vrai que c’est une circonscription qui évolue et qui va évoluer, dans laquelle il y a beaucoup de choses à faire. Mais encore plus, c’est une circonscription historiquement francophone, et l’on se bat aujourd’hui pour la francophonie dans tout le Canada. Et cette circonscription est intéressante par rapport à ça. »

Une circonscription qui donne la température au niveau fédéral?

À part Shola Agboola (1) du Parti conservateur du Canada, qui s’est déjà présenté en 2021, les trois autres sont des nouveaux en politique fédérale.

C’est le cas de Thomas Linner du Nouveau Parti démocratique (NPD). Dans ses tournées de porte-à-porte, il dit rencontrer des gens très amicaux qui lui font part de certains enjeux. «  Il y a les soins de santé publics, l’abordabilité et les menaces de Donald Trump. Je sens aussi que c’est une élection très importante où chaque vote va compter. Je pense que tout est possible, même si c’est tout un défi pour le NPD dans cette circonscription-là. »

En effet, en un siècle d’existence, cette circonscription a majoritairement été libérale, même si les conservateurs y ont fait des gains à quelques reprises. En tout cas, le NPD n’a jamais remporté cette circonscription.

Une tendance qui semble se répéter selon les plus récents sondages. En date du 23 avril 2025, les libéraux étaient donnés en avance dans cette circonscription avec 64 % des intentions de vote, selon le site 338canada.com.

Un résultat qui ne surprend pas Félix Mathieu, professeur agrégé au département de science politique de l’Université de Winnipeg. « Oui, je m’attends à ce que les libéraux rentrent dans Saint-Boniface—Saint-Vital. Mais il est vrai que la question ne se poserait même pas si Dan Vandal était candidat. L’effet Mark Carney combiné à la notoriété de Dan Vandal ici, ça aurait été comme une lettre à la poste. »

Francophonie et entreprise

Si les francophones ne résident plus exclusivement que dans Saint-Boniface—Saint-Vital, cette partie de la ville conserve des liens forts avec la francophonie. Les candidats sentent-ils que cette question demeure un enjeu?

« C’est une part très importante de cette communauté », souligne Thomas Linner. « Je pense que Saint-Boniface—Saint-Vital est un microcosme du Canada en entier. La langue française est très importante pour notre pays et notre unité. C’est un symbole de ce qu’on est. Je vais me tenir pour la langue française pour m’assurer que les services dans les deux langues officielles soient offerts à toutes et tous. »

Très inquiet à propos de la hausse du coût de la vie depuis plusieurs années, Gilles Pelletier a aussi proposé sa candidature pour défendre la francophonie. Mais s’il est élu, le premier projet de loi qu’il aimerait présenter sera pour soutenir les entreprises.

« Je veux éliminer les barrières administratives pour aider les entreprises à commercer entre elles. Un entre- preneur canadien n’a pas à demander une certification fédérale pour vendre dans une autre province canadienne, c’est une mesure que je veux proposer. C’est primordial et l’on doit valoriser nos entrepreneurs, nous en avons beaucoup à Saint-Boniface—Saint-Vital et l’on en parle très peu. »

À quelques jours du résultat, aucun des candidats ne ralentit la cadence. Porte-à-porte, rencontres et discussions sont nécessaires pour convaincre les derniers indécis.

« Même si la majorité des gens que nous rencontrons ont déjà décidé de leur vote, il faut continuer. Nous, on continue à identifier les gens qui peuvent voter libéral, et l’on s’assure surtout que le vote sorte. C’est-à-dire que ceux qui s’expriment comme souhaitant soutenir le Parti libéral vont bien se présenter pour voter », conclut Ginette Lavack.

(1) Shola Agboola, candidat du Parti conservateur du Canada (PCC) pour Saint-Boniface—Saint-Vital n’a pas répondu à nos demandes d’entretien.

Cette couverture électorale a été rendue possible grâce au Fonds « Couvrir le Canada : Élections 2025 »