D’abord, un peu de contexte. Au Manitoba, sur les 14 circonscriptions fédérales, trois avaient été remportées par le Nouveau Parti démocratique en 2021. Il s’agit de Churchill—Keewatinook Aski (la députée sortante est Niki Ashton), Elmwood—Transcona (le député Daniel Blaikie avait démissionné en 2024 pour rejoindre le bureau du premier ministre manitobain, Wab Kinew) et Winnipeg Centre (Leah Gazan est la députée).

Selon les chiffres les plus récents, difficile de connaitre le dénouement dans ces trois régions.

À date, selon les estimations du site 338Canada.com, l’avantage des néo-démocrates n’est de qu’un point face au candidat conservateur dans Winnipeg Centre.

Pour Elmwood—Transcona, la candidate Leila Dance n’aurait présentement que trois points d’avance sur le candidat conservateur.

Enfin, à Churchill—Keewatinook Aski, la libérale Rebecca Chartrand aurait un point d’avance sur Niki Ashton.

Dénouement incertain

À noter que d’autres sondages nuancent cette perte de vitesse orange. La firme Probe Research, dans un document publié ce jeudi, a montré que le soutien au NPD au Manitoba a légèrement augmenté, passant d’un creux de 9 % en mars à 15 % en avril 2025.

Mais cela sera-t-il suffisant pour que le NPD conserve ses trois sièges manitobains? C’est oui pour le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, qui était de passage ce jeudi à Winnipeg et qui a été interrogé à ce sujet par les médias présents.

« Absolument! On ne prend rien pour acquis, mais vous avez des députés incroyables ici au Manitoba. Ils ont montré leurs forces en étant trois ici. Avec ces trois députés, on a livré les soins dentaires, l’assurance-médicaments, la gratuité des médicaments pour les diabétiques. C’est beaucoup plus que ce que les autres conservateurs ont fait. Donc, seulement trois députés néo-démocrates ont plus livré qu’une dizaine de conservateurs. Ça montre la force des néo-démocrates. »

Félix Mathieu, professeur agrégé en sciences politiques à l’Université de Winnipeg, se veut plus mesurer que le chef du NPD. L’expert politique parle d’une « situation pas facile » pour les néo-démocrates au Manitoba, et même au Canada. Il revient sur de la circonscription Churchill—Keewatinook Aski.

« L’avantage pour Mme Chartrand, c’est que non seulement elle est connue du public (1), mais ça c’est bon aussi pour Niki Ashton, mais le chef libéral Mark Carney est reçu beaucoup plus positivement dans les intentions de vote que Jagmeet Singh. Plusieurs aimeraient que leurs intérêts soient représentés dans un prochain gouvernement et donc ça amènerait à un vote stratégique qui peut se porter vers la candidate libérale. Donc, même à Churchill, ce n’est pas gagné d’avance pour les néo-démocrates. »

« Situation pas facile »

Pour rappel, Niki Ashton est députée de la circonscription Churchill—Keewatinook Aski depuis 2008.

Selon Félix Mathieu, « l’effet Carney » pourrait être très fort et emporter les circonscriptions néo-démocrates. À l’avenir, l’analyse politique, pense même que le NPD devra s’interroger, selon les résultats du 28 avril, sur la capacité de Jagmeet Singh à mener le parti.

« C’est l’image de marque du NPD qui semble affaiblie, et ce même si Jagmeet Singh fait plutôt une bonne campagne en étant partout et répondant à toutes les questions. Le fait que l’enjeu de l’urne soit celui de la relation avec les États-Unis, il se trouve que ce n’est pas Jagmeet Singh qui a rassuré les électeurs sur ce sujet, ça désavantage nécessairement les personnes qui se présentent sous la bannière néo-démocrate. Et même si l’on se trouve dans une région où le NPD gouverne au provincial et où ils sont vraiment populaires, les gens font vraiment la distinction. »

Sur ce sujet, le sondage de Probe Research appuie les commentaires de Félix Mathieu. En effet, seulement 6 % des Manitobains pensent que Jagmeet Singh et le NPD feraient le meilleur travail pour aborder les relations Canada-États-Unis et les tarifs douaniers.

(1) Rebecca Chartrand a déjà été candidate dans Churchill—Keewatinook Aski en 2015. À cette époque, Niki Ashton l’avait emporté avec 45,04 % des voix, contre 42 % pour son adversaire libérale.

Cette couverture électorale a été rendue possible grâce au Fonds « Couvrir le Canada : Élections 2025 »