Objectif : faire le point sur les priorités et les enjeux pressants de la communauté des Métis de la Rivière Rouge.
À quelques jours du résultat des élections, la communauté métisse du Manitoba veut faire entendre sa voix. En effet, dans des lettres envoyées directement aux candidats fédéraux en lice pour les partis Libéral, Conservateur, Vert, Néo-démocrate, et le Bloc Québecois, le gouvernement national des Métis de la Rivière Rouge a fait connaître les cinq besoins les plus urgents de leur communauté.
L’une des plus grandes priorités, dit Andrew Carrier, vice-président de la région de Winnipeg de la Fédération des Métis du Manitoba (FMM), est celui de la mise en vigueur du traité moderne signé avec le gouvernement en novembre dernier.
Le traité, qui reconnaissait que la FMM avait « un droit inhérent à l’autonomie gouvernementale et des pouvoirs législatifs sur sa propre citoyenneté, ses élections et ses autres activités internes, » était alors un premier pas vers un processus législatif qui assurerait que le gouvernement fédéral honore ses responsabilités auprès des peuples autochtones.
Les enjeux
Selon M. Carrier, la communauté métisse est impatiente de voir la prochaine étape, la législation de ce document à travers un projet de loi en Chambre des communes, se matérialiser.
La deuxième demande a trait à une promesse constitutionnelle faite par le gouvernement fédéral en 1870 qui concédait « aux enfants des Métis 1,4 million d’acres de terre et de reconnaître la propriété foncière existante des Métis. »
Le territoire n’a jamais été remis aux enfants des Métis ni aux descendants des citoyens de la Rivière Rouge, mais la promesse reste importante pour la réconciliation avec la communauté métisse. Il poursuit avec une troisième demande pressante, la sécurité de l’alimentation.
C’est un enjeu important alors que le coût de la nourriture augmente, mais qui s’emboîte également dans une autre demande de la communauté : le manque d’accès à l’assurance médicale. Les Métis sont le seul des trois grands groupes autochtones à ne pas avoir droit aux prestations de l’assurance maladie fédérale, ce qui met particulièrement en danger les aînés de la communauté.
À Andrew Carrier de souligner : « Nos citoyens ont le choix soit de manger ou de payer pour les médicaments dont ils ont besoin pour survivre », une décision qui devient de plus en plus difficile à faire avec la hausse des prix des loyers. L’accès à un logement abordable est la cinquième question la plus urgente pour la communauté métisse à l’heure actuelle.
« Un certain pourcentage de nos aînés reçoit moins de 11 000 $ par année. On ne sait pas comment nos membres pourraient survivre sans l’aide de la communauté. C’est une demande importante qui touche directement à notre santé et au bien-être de la communauté. »
Demander des comptes aux partis fédéraux
Quatre des cinq principaux partis ont répondu aux questions de la FMM et leurs réponses ont été publiées sur le site Internet de la Fédération.
Bien que les réponses soient généralement positives, le Parti libéral, notamment, a donné plus de détails sur son engagement à l’égard des demandes de la FMM. Par exemple, il souligne qu’un gouvernement libéral a mis en place la cible minimale obligatoire de 5 % d’approvisionnement auprès des entreprises autochtones et que le parti demeure donc fidèle à cet engagement.
Andrew Carrier soutient que ces réponses des partis sont importantes, car elles donneront aux électeurs métis des informations précieuses lorsque le moment sera venu pour eux d’aller voter
En lumière des réponses reçues, les leaders de la communauté continuent d’encourager que leurs citoyens soient inscrits à la liste électorale et qu’ils soient présents aux urnes le 28 avril.
Une communauté engagée et résiliente
Entre-temps, la FMM met en lumière certains projets communautaires qu’elle a mis en place pour promouvoir la culture métisse et favoriser la participation des citoyens. Par exemple, elle vient de célébrer l’ouverture d’une nouvelle garderie à St. Andrews qui met en valeur la culture métisse dans toutes ses activités, de l’utilisation de jouets faits à la main à l’intégration du mitchif dans la lecture d’histoires et l’apprentissage des langues par les enfants.
« Il y a une grande demande pour le renouvellement de la culture métisse qui inclut notre histoire et la langue mitchif », souligne Andrew Carrier.
Il ajoute que la FMM encourage en même temps les étudiants à poursuivre l’éducation de la petite enfance, contribuant ainsi à élever des enfants Métis dans un environnement traditionnel et communautaire, tout en allégeant la charge des parents Métis qui travaillent et qui cherchent un environnement sécuritaire et éducatif pour leurs enfants.
« À tous les âges, on essaie de travailler avec notre communauté », affirme Andrew Carrier. « On veut accompagner nos citoyens de la naissance à la mort. »
Cette couverture électorale a été rendue possible grâce au Fonds « Couvrir le Canada : Élections 2025 »